vendredi 23 octobre 2009

Un chasseur tire sur l'ours Balou


Dimanche 7 septembre 2008, vers 10h15, un ours a été tiré par un chasseur lors d'une battue aux sangliers, sur la commune de Prades (Ariège). La battue se déroulait au dessus du village, dans le massif de l'Ourza, en limite avec le département de l'Aude.
Balou photographié le 28 septembre 2008 (3 semaines après sa blessure) grâce à un appareil photo à déclenchement automatique.
Photo : © ONCFS / Equipe Technique Ours
Le chasseur a réalisé "un tir d'instinct" avant de se rendre compte qu'il avait en visé un ours et non un sanglier. Aussitôt, la battue a été stoppée et il a prévenu les gendarmes qui se sont rendus sur les lieux avec des agents de l'Equipe Technique Ours.
Les traces de sang trouvées au sol prouvent bien que l'animal a été blessé par le tir. L’examen des poils prélevés sur les lieux de l’accident ont par ailleurs confirmé qu’il s’agissait bien d’un ours. Concernant l'identité de l'animal blessé, les indications de télémétrie montraient la présence de l’ours Balou, mâle de 5 ans relâché en 2006 dans les Pyrénées, aux alentours du lieu du tir le matin même.
Dans un premier temps, une grande incertitude existait sur l'état de santé de cet ours. En effet, les traces de sang ne permettaient pas de connaître la gravité des blessures ni si la balle avait touché ou non un organe vital.
Heureusement, grâce à son émetteur, l'ours a été repéré lundi après-midi dans une forêt de la commune voisine de Comus (Aude), à une dizaine de kilomètres de Prades. Concernant la gravité de la blessure, Balou aurait été touché à la patte avant droite, qu'il ne peut pas poser au sol (via les relevés d'empreintes effectués sur place), mais qui ne l'empêche pas de se déplacer de plusieurs kilomètres.
Pour plus de précisions sur le suivi en cours de cet ours blessé lors des premiers jours, voici le communiqué de presse du 10 septembre de la Préfecture de Région Midi-Pyrénées :
" Suite au tir par balle sur un ours par un chasseur dimanche 7 septembre lors d’une battue au sanglier sur la commune de Prades en Ariège, d’importants moyens ont été mobilisés pour retrouver l’ours, déterminer la gravité de ses blessures et intervenir si nécessaire. Dès dimanche, l’examen des poils prélevés sur les lieux de l’accident confirmait qu’il s’agissait d’un ours et les indications de télémétrie montraient la présence de l’ours Balou aux alentours.
Lundi 8 septembre, une équipe de 10 personnes était sur la commune de Comus dans l’Aude où l’ours Balou avait été localisé à proximité de son gîte : des membres de l’Équipe Technique Ours et des services départementaux ariégeois et audois de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, accompagnés par deux vétérinaires. L’objectif était de localiser précisément l’animal à l’aide de l’émetteur dont il est équipé, de tenter de l’apercevoir afin de diagnostiquer son état et éventuellement d’effectuer une intervention vétérinaire pour le soigner. Dans l’après-midi, alors que l’ours avait été localisé précisément, l’équipe a tenté une approche : l’animal détectant cette présence humaine a quitté son gîte avant d’avoir pu être vu. L'observation de la zone n’a pas montré de traces de sang ou d’autres signes manifestes de blessure. Le suivi effectué grâce à son émetteur a indiqué qu’il a effectué alors un déplacement sur un à deux kilomètres. Compte tenu de ses éléments et après avis des experts présents, il a alors été décidé de ne pas prendre le risque d’une nouvelle approche.
Depuis, une équipe de cinq personnes reste sur le terrain et est chargée d’observer l’évolution de son comportement ; cette équipe de garde suit l’animal avec attention par télémétrie de proximité en évitant toute perturbation qui pourrait le mettre en danger. Pendant la nuit de lundi à mardi, son émetteur a montré qu’il était actif. Dans la nuit de mardi à mercredi, l’ours a effectué un circuit d’environ deux kilomètres. Son passage sur une zone de terrain plus meuble a permis de relever ses traces et de confirmer qu'il se déplace en ne posant pas la patte avant-droite. Ces dernières informations confirment que c'est bien l’ours Balou qui a été touché par un tir et qu'il serait blessé à une patte avant sans que cela ne l'empêche de se mouvoir. [...] "
En ce qui concerne le chasseur et les suites judiciaires de cette affaire, le procureur de la République de Foix a précisé que le chasseur avait été entendu par les gendarmes dans la journée "au titre de renseignement" mais qu’aucune enquête judiciaire n’avait encore été ouverte. "Tant que l’on ne sait rien sur l’état de santé de l’ours, il est difficile de parler d’infraction pénale. Si l’on découvrait l’animal mort, une enquête judiciaire pourrait être ouverte pour destruction d’espèce protégée", a poursuivi le procureur de la République le 7 septembre.
Actuellement, au 26 septembre 2008, Balou est toujours en vie. Aucun contact visuel n'a encore pu être établi depuis sa blessure, mais il est toujours suivi télémétriquement. Malgré sa blessure à la patte avant droite, il a un comportement normal, à la seule différence que ses déplacements nocturnes à la recherche de nourriture ont une amplitude plus faible qu'à l'acoutumé. Dans la journée, Balou vit retiré dans un secteur très escarpé des gorges et du massif de la Frau, entre les communes de Prades, de Montségur (Ariège), de Comus et de Belcaire (Aude), où son approche est impossible. Le 28 septembre, un appareil photo à déclenchement automatique installé sur la commune de Belcaire par l'Equipe Technique Ours a permis de prendre une photographie de Balou. Cette dernière confirme la blessure à la patte avant droite puisqu'elle est levée. La photo ne permet par contre pas d'évaluer l'état et la gravité de la blessure. Balou semble toutefois être en bon état.
Depuis sa blessure, l'Equipe Technique Ours cherche à capturer Balou pour connaître l'état de sa blessure et éventuellement lui prodiguer des soins. Toutefois, vu le secteur escarpé dans lequel il se trouve, la capture directe de l'ours (au fusil télé-anesthésique) est impossible pour sa propre sécurité. Balou pourrait en effet chuter gravement lors de la phase d'endormissement et mourrir. Pour le capturer, des pièges inoffensifs constitués d’appâts et de câbles en acier reliés à une alarme et attachés à un arbre ont été déposés dans des zones moins escarpées où l’animal risque de venir chercher de la nourriture.
Finalement, Balou n'ayant visité aucun des appâts disposés à son intention et se déplaçant chaque nuit, l'opération de capture a été provisoirement suspendue le 1er octobre 2008. Son suivi est toutefois maintenu en continu.

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