dimanche 3 janvier 2010

Un monde toxique


photos M. Chris JORDAN

Un milliard d'ordinateur ont été mis au rebut au cours des 5 dernières années! Le volume des déchets toxiques augmente de façon exponentiel. Téléphones portables, consoles vidéos, lecteurs MP3, imprimantes, téléviseurs, lecteurs de dvd... : tous les gadgets obsolètes des pays riches finissent à la décharge et transforment des pays comme l'Inde, la Chine ou l'Afrique en véritables poubelles.

Les occidentaux détiennent à eux seuls 75% des ordinateurs de la planète. La plupart des "cadavres" sont expédiés dans les pays en voie de développement où ils sont démontés et triés dans des conditions de sécurité inexistantes. Quand on sait que la durée de vie d'une unité centrale est actuellement de 2 années contre 4 à 6 en 1997, on peut facilement iméginer l'étendue du désastre.

La production de déchets d'équipements électroniques et électriques est estimée à 50 millions de tonnes par an par le programme des nations unies pour l'environnement et le développement (PNED). Ce total représente entre 1 et 3% de l'ensemble des déchets produits dans le monde, mais près de 8% en Occident. Un européen, à lui seul, en produit chaque année 14 kg!

On trouve de tout dans les poubelles d'une société gangrenée par la fièvre consumériste. La liste des substances toxiques est longue comme un cimetière de tubes cathodiques: plomb, cadmium, chrome, cuivre, mercure, retardateur de flamme, bromés (RFB)...

Des centaines de tonnes de déchets toxiques sont déchargés régulièrement, la plupart du temps en pleine nuit, des cargots et dispersées dans les banlieues d'Abidjan, Takoradi ou encore Bombay. Dans le seul port le Lagos (Nigéria), 500 conteneurs seraient débarqués sur place chaque mois, selon Greenpeace. Les navires battent pavillon Panaméen et sont à la solde des multinationales.

Visiblement, les nombreuses victimes de cancers et les milliers de personnes souffrant de problèmes respiratoires n'affectent en rien les dirigeants de ces sociétés indélicatent qui se moquent comme leurs résidus de la Convention de Bâle. Depuis 1997, cette dernière interdit l'exportation des déchets dangereux des pays membres de l'OCDE (organisation de coopération de de développement économique) en direction des pays du sud. Bruxelles a adopté une directive visant à interdire et a limiter l'utilisation de plusieurs substances toxiques dans ces pays.

Ce trafic illicite représente une véritable manne financière pour certains gouvernements peu regardants. On se souvient de la signature d'un contrat de 600 millions de dollars par la Guinée-Bissau, en 1989, pour le stockage de 15 millions de tonnes de déchets toxiques. Au Cameroun, 5600 litres de chlore ont été abandonnés en 2005 dans la banlieue de Douala.

Réduire les coups de traitements, oui, mais à quel prix? Les atteintes à l'environnement (eaux, sols et atmosphère pollués par les métaux lourds) et les conséquences sur la santé de ceux - des enfants pour la plupart - qui récupèrent des éléments dangereux sans aucune protection, sont irréversibles.

Il est urgent d'adopter des mesures pour enrayer ce marché de la honte et mettre hors-la-loi des trafiquants sans scrupules. L'Afrique, victime de tous les maux, ne doit plus être la poubelle de l'occident. De nombreuses associations humanitaires tirent la sonnette d'alarme. Seront-elles enfin entendues???

Source: Dominique Garandet "La Montagne"
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